Louis de Monard est né le 31 janvier 1873 à Autun ( Saône et Loire ) .
UNE FAMILLE DE MILITAIRES.
Un Monard s'illustre en Alsace pendant la Guerre de Succession d'Espagne ; un autre est tué devant Prague en 1741.
L'arrière-grandpère de l'artiste commande un régiment de chasseurs à cheval à Valmy, Kellermann le cite comme un des artisans de la victoire.
Un grand-oncle est blessé à Essling.
Un oncle se distingue à Rezonville et termine sa carrière comme commandant du prestigieux corps d'armée de Nancy...
Ces hommes de guerre n'ont pas l'esprit fermé aux activités de la paix.
Le cavalier de Valmy devient membre du Conseil des Cinq Cents, puis représentant de la France aux cours de Bade et de Würtemberg.
Le blessé d'Essling prend des leçons de dessin avec le sculpteur Guillaume Boichot; le musée d'Autun possède deux de ses oeuvres .
Alphonse de Monard ( 1833-1893 ) le père de Louis, est le premier, de sa famille à ne pas être militaire de carrière, il est capitaine
aux gardes mobiles de la Côte-d'Or, il reçoit un sabre d'honneur pour sa bravoure à Champigny.
Il se consacre à la Société Eduenne dont il est secrétaire.
Il est l'auteur de plusieurs travaux d'érudition locale .
De son union avec Gabrielle de la Grange ( 1846-1921 ), née à Brazey-en-Morvan, sont issus deux enfants .
Marie, qui épousera son cousin Prosper de la Grange et sept ans plus tard, Louis, qui sera sculpteur.
Louis de Monard a une enfance relativement solitaire, ses parents ont une grande maison, 2, rue Chaffaut à Autun, mais ils font
de longs séjours dans les deux propriétés familiales Marcheseuil et Montot toutes deux dans le canton de Liernais ( Côte-d'Or ).
Dans un récit écrit plus tard, Louis de Monard évoque ses souvenirs de " petit monsieur " du château : chiens, chevaux, animaux de la ferme,
leçons du curé du village, randonnées avec le garde-chasse, familiarité des braconniers qu'il approvisionne avec les munitions de son père,
des paysans dont l'univers superstitieux le fascine...
Il fait ses études au collège d'Autun, il passe son baccalauréat et va préparer Saint-Cyr à Nancy.
Mais les mathématiques le rebutent et l'internat lui pèse, il échoue aux concours.
En novembre 1892, il s'engage pour quatre ans au 26e Régiment de Dragons en garnison à Dijon.
Au bout d'un an, il est brigadier, mais son père meurt et il est bientôt libéré comme fils aîné de veuve, en janvier 1894.
Louis de Monard a vingt et un ans et il est libre, il mène la vie d'un gentilhomme campagnard.
Il ne s'intéresse ni à la culture, ni à la politique, il chasse, il parcourt le pays sur sa vigoureuse petite jument.
Il fait de fréquents séjours à Autun, il y retrouve son vieux maître, Philibert Mariller, qui l'initie maintenant à la peinture.
Il travaille seul, à Marcheseuil, il en rapporte des croquis d'animaux de la ferme, des études de feuillages et de plantes décoratives,
des paysages, parfois même des animaux sauvages, d'après des photographies qu'il a pu se procurer...
Mariller critique et encourage, sans chercher à influencer l'inspiration de son élève.
Le peintre Eugène Froment ( dit aussi Froment-Delormel ), qui passe chaque été à Autun, joint ses conseils à ceux de Mariller.
Les femmes semblaient tenir peu de place dans cette vie provinciale et campagnarde.
Mais soudain, de manière inattendue, Louis de Monard fait la connaissance de sa future épouse : Jeanne Galy, fille de la gardienne du musée,
qui s'est réfugiée chez sa mère pour échapper à un mari brutal
En 1897, Louis et Jeanne partent pour Paris, où ils s'installent, 30 rue Notre-Dame-des-Champs.
L'héritage de son père lui assure un revenu modeste qu'il complète, pour commencer, en peignant quelques commandes d'éventails.
Son oncle, le général de Monard, lui a pardonné son échec à Saint-Cyr et ne lui tient pas rigueur de sa « liaison ».
Il s'intéresse même à sa vocation artistique et lui permet de monter les chevaux de l'armée.
Louis de Monard retrouve Eugène Froment, qui habite aussi rue Notre-Dame-des-Champs, il reste en contact avec Mariller.
Une lettre de ce dernier nous révèle un 'projet « néo-grec » : « ... Une Fille aux papillons, avec l'Amour qui observe... ».
Il retrouve aussi son ami Etienne de Martenne, autunois et peintre comme lui.
Etienne de Martenne est paysagiste, mais il s'intéresse aux techniques des peintres qu'il côtoie.
Louis de Monard lui doit, outre son initiation à la gravure, une ouverture sur de nombreux courants de l'art contemporain.
Il n'a pas pour autant renoncé à la poésie, il envoie des poèmes à l'hebdomadaire du cabaret des « Quat'z'arts », qui a pris à Montmartre
la relève du « Chat Noir ».
Ces poèmes sont publiés sous le pseudonyme qu'il s'est choisi : Pierre Charmois ( Décembre 1897, Janvier et Février 1898 ... ).
Il est fraternellement accueilli dans le groupe qui réuni, des chansonniers, des poètes, des caricaturistes, des peintres, des auteurs de théâtre :
Xavier Privas, Emile Goudeau, Guirand de Scévola, Léandre... et aussi Jehan Rictus et Théodore Botrel !
Il expose, pour la première fois, au Salon 1900 de la Société Lyonnaise des Beaux-Arts.
C'est une aquarelle : « Etude d'Amazone »
( 0,72 x 0,54 )
( Mairie de Bois le Roi )
L'amazone, qui n'est pas sans ressemblance avec sa compagne Jeanne, arrête son pur sang au bord d'un surplomb, dans un paysage forestier.
Le catalogue le présente comme élève de MM. Froment et Mariller.
Pour compléter ses ressources, et aussi pour son plaisir, il fait une incursion dans le journalisme.
Il passe un contrat avec « Press Central Office », 40, rue Lafitte, qui alimente des journaux « de province, d'outre-mer et de l'étranger ».
Il fournit, sous son pseudonyme de Pierre Charmois, 4 articles par mois, le plus souvent consacrés à des animaux : courses, concours,
corridas, faits divers insolites...
L'attention au détail dans sa sculpture en bronze est superbe et ses travaux ont été moulés dans des éditions très limitées de vingt-cinq
ou moins par les fonderies les plus fines en France.
Louis de Monard a fait fondre quelques statuettes par Houdebine, 64 rue de Turenne, et il en vend quelques-unes autour de lui.
Il hésite à les présenter au Salon car ce sont des oeuvres de petites dimensions, à une époque où la consécration s'obtient en
« faisant grand ».
Louis de Monard et Jeanne Gally se considèrent comme mari et femme, mais ils se séparent chaque été pour faire un séjour chez leurs mères
lui à Marcheseuil, elle à Autun.
Le devoir filial ainsi accompli, ils aspirent à une vie qui ne serait pas uniquement parisienne.
Leur ami Robert Noir habite Bois-le-Roi, entre la Seine et la forêt de Fontainebleau, à une heure de Paris par le train.
Il les décide à louer une petite maison avec un grand jardin, rue de la Presche, presque en bordure de forêt.
Ils vont y faire de longs séjours au printemps et en automne.
Leurs autres amis suivent leur exemple ou viennent les voir de Paris.
Georges d'Esparbès, nommé conservateur du Palais de Fontainebleau, sera bientôt leur voisin.
On fait de longues promenades en forêt.
La femme du garde de Franchard est réputée pour ses poulets à l'estragon ;
la tenancière de la fontaine Sanguinède pour ses omelettes aux cèpes...
Les dîners au retour se prolongent par des discussions homériques autour de la table.
Mais Louis de Monard ne se repose pas longtemps.
Son délassement préféré est de partir en forêt au petit jour avec son attirail de peintre, sans s'inquiéter de l'heure du retour.
Il ne néglige pas la sculpture pour autant.
Il dessine sans cesse des projets, sur des carnets, sur des faire-part ou des factures qui traînent, parfois sur la nappe...
et il a toujours un peu de terre glaise ou de plastiline à portée de la main.
Il trouve à Bois-le-Roi des modèles plus facilement qu'à Paris.
Les voisins prêtent leurs chiens, il élève des chevreaux.
Il fait construire une volière où il abrite un vautour...
Il loue une grange dont il n'est séparé que par la route et il y installe un vaste atelier.
En 1904, il envoie aux Artistes français deux de ses plus belles oeuvres : La Jument au Caveçon » (0,66 x 0,72) qui dégage sa jambe
de sa longe dans un mouvement frénétique et le « Cob » que le président Loubet va offrir au roi d'Italie à l'occasion de son voyage
historique à Rome.
A Lyon, « Camaraderie » et « Taquinerie » obtiennent une 2e médaille.
Il expose aussi à Dijon et il est désigné pour participer à l'Exposition Universelle de Saint-Louis ( U.S.A.) où il envoie « L'Etalon »
H : 59 cm x 52 L
Etalon qui se dresse vigoureusement retenu par son lad .
Louis de Monard reçoit enfin des propositions du fondeur Hébrard, fils du directeur du journal « Le Temps », spécialisé dans les cires
perdues de qualité et disposant d'une salle d'exposition vite réputée.
Sans abandonner Houdebine, il confie chaque année quelques oeuvres
à Hébrard, avec des tirages allant de 4 à 25 exemplaires et un droit d'auteur de 20 %.
En 1905, Louis de Monard quitte les « Artistes français » pour exposer désormais à la « Société Nationale des Beaux Arts ».
Les deux sociétés sont rivales. La « Nationale » a été fondée 15 ans plus tôt par des artistes désireux de s'affranchir de l'académisme,
excessif à leurs yeux, qui régnait aux « Artistes français ».
A l'exposition du Concours hippique de 1905, Louis de Monard envoie le « Pur Sang au pas »
Il participe pour la première fois à l'exposition des « Peintres et Sculpteurs de Chasse et de Vénerie »
qui se tient chaque année à l'Orangerie des Tuileries en même temps que l'Exposition Canine.
La participation de Louis de Monard à l'exposition canine annonçait une évolution dans le choix de ses modèles.
Il était, jusqu'ici, surtout sculpteur de chevaux ; il va maintenant se consacrer davantage aux chiens.
En mai 1907, la chasse finie, il va travailler à la meute de l'équipage Lebaudy ( Forêt de Fontainebleau ).
De ses études naîtront une série de sculpture de Fox Terrier .
Louis de Monard reçoit sa première commande de l'Etat : le « Fox Terrier retournant un crabe » ( 0,37 x 0,75 ) payé 3.000 F,
et placé au Ministère des Colonies.
1910 « Chien de meute sur la voie froide ».
Il exposera en même temps au salon de 1909, une « Coupe décorative » reposant sur trois oiseaux de proie qui passe relativement inaperçue.
Seul un journal de province " Le Morvan " avait remarqué le caractère étrange des grands oiseaux de proie qui la soutiennent .
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1910 est une année de grande activité, il aborde maintenant un sujet historique : « Henri IV à Ivry ».
L'oeuvre s'inspire d'une version des paroles du roi à ses compagnons, plus réaliste et plus familière .
« Mes compagnons, si vous courez aujourd'hui ma fortune, je cours aussi la vôtre.
Je veux vaincre ou mourir avec vous.
Gardez bien vos rangs je vous prie.
Si la chaleur du combat vous disperse un moment, hâtez vous de rallier entre les 3 poiriers que vous voyez là haut à ma droite,
ne perdez pas de vue mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et, j'espère aussi, de la victoire ».
La Ville de Paris lui a commandé le bronze de '« Henri IV à Ivry ».
Ce bronze est exposé au salon, puis placé au Petit Palais
Au salon de 1912 il expose le monument « Aux Aviateurs morts » qui est composé d'un gisant qu'un aigle protège de ses ailes.
Il est décrit dans un quatrain de Charles Bernard, auteur du poème « Les Aigles », lu par Paul Monnet à l'occasion du voyage du Tsar à Paris... :
« Sur le héros raidi dans son linceul ouvert, un aigle protecteur étend ses fortes ailes.
Le monument mesure 1,60 m x 3 m .
Louis de Monard atteint, avec cette oeuvre, une véritable notoriété auprès de la critique, mais aussi auprès du grand public,
passionné à cette époque, par les débuts héroïques de l'aviation.
A ce même salon de 1912 il présente : Les « Jeunes Boucs luttant » ( environ 1,20 x 1,30 )
L'Etat en fait l'acquisition et l'oeuvre est présentée, en fin d'année à l'Ecole des Beaux-Arts .
Combat de 2 jeunes Boucs
Plâtre
Don de Mr et Mme Jacques Thomas 1971
Musée Rolin Autun