Musidora
1889 - 1957



Elle fut la première vamp
de l'histoire du cinéma muet


      Jeanne Roques est née à Paris le 23 février 1889, fille de Jacques Roques et de Marie Porchez.
  Son père, répétiteur de chant, est un fanatique de musique et de philosophie; sa mère, qui tient une mercerie fait
  du journalisme et lance " Le Vengeur " un journal féministe.
  Les parents Roques n'avaient en rien négligé l'éducation de leur fille. A cinq ans dit-elle, je voulais être dans un
  bureau de poste pour vendre des timbres. A quinze ans je pensais être institutrice dans un village de province.
  Jeanne est inscrite successivement à l'Académie Jullian, à l'Ecole des Beaux-Arts.
  Elle se fait remarquer dès juillet 1910 au Théâtre de l'Etoile, dans un rôle de petit patissier ingénue.
  On l'engage alors dans la troupe du Théâtre Montparnase pour la " Loupiotte ", mélodrame dans lequel elle joue le rôle
  d'une demoiselle de petite vertu, la môme Liquette. Jeanne Roques joua, la première fois sous le nom de Musidora,
  son nom de scène, qu'elle avait trouvé dans un poème de Théophile Gautier.
  Musidora semblait avoir trouvé sa voie dans la comédie de boulevard, on la voie dans "Surcouf", "Le Lieutenant Cupidon",
  ou elle chante quelques couplets. Musidora signe un engagement au "Bataclan" et le 4 avril 1912, aux cotés de "Colette"
  meneuse de la revue "ça Grise" ou Colette tient le rôle de "La Chatte amoureuse", tandis que Musidora interprète une
  pantomine grecque.Les deux femmes se découvrent bientôt des "sensibilités voisines"et Colette s'occupe de l'éducation
  littéraire et sentimentale de sa partenaire, dont elle dira: "Musidora, oeuf d'oiseau bleu que j'ai un peu couvé.
  En 1913, Musidora part faire une tournée en province avec le comédien Max Dearly pour jouer un vaudeville
  "Un coup de téléphone", la tournée n'eut pas un grand succès ou elle dut se contenter d'apparaître sous le costume
  d'un arabe répondant au nom de "Soliman".
  Vers 1914, Musidora avait rencontré le cinéma et tourné dans un film "Les Misères de l'Aiguille", sous la direction
  d'un metteur en scène Raphael Glameur ou elle tenait le rôle d'une piqueuse-couseuse exploitée par son patron.
  Après "l'Insaisissable Standley Collins" joué dans sa tournée, Musidora voulut gouter aux fastes des "Folies Bergères".
  Dans la "Revue de l'Amour" avec pour partenaire Raimu, elle se joint à la troupe des girls qui dansaient des Boston
  dans les tenues les plus légères.
  Dans le programme suivant des Folies Bergères, Musidora allait être remarquée par un spectateur, metteur en scène,
  pionnier du cinéma muet. Louis Feuillade, la convoqua au studio de la Maison Gaumont, rue de la Villette.

Louis Feuillade
   Après son premier rôle dans "Sévero Torelli", Musidora tourna vingt-huit courts métrages
   sous sa direction. Dès cette époque une grande amitié lia Musidora à Louis Feuillade.
   Mais bientôt la guerre éclate et la guerre des tranchées succède à la guerre des classes.
   Musidora tourne avec la troupe Feuillade une série de courts-métrages patriotiques:
   "L'autre victoire", "Fifi tambour", "Les leçons de la guerre"...
   Désormais elle sera la vedette attitrée de Feuillade.
   Il réalise treize films en un temps record. A la fin de 1915, les murs de Paris se couvrent
   d'affiches mystérieuses annonçant un film à épisodes "Les Vampires" avec "la belle,
   la séduisante, l'inoubliable Musidora".
   Soigneusement mises au point par Feuillade, les affiches représentes quatre visages
   masqués par une gagoule noire. Un seul nom s'étale au grand jour, celui de Musidora
   Elle joue le rôle d'Irma Vep, l'anagramme du mot "Vampire", dans le troisième épisodes
   des "Vampires" le "Cryptogramme Rouge".

   Dans le sixième Episode      LES YEUX QUI FASCINENT

   Moréno se venge des Vampires cachés à l'Hôtel du
   Grand Veneur, à Fontainebleau. Des cambrioleurs
   cambriolés et Irma Vep (Musidora) hypnotisée par
   Moréno sont les points forts de cet épisode qui
   nous entraîne de Fontainebleau à Paris.




                 

  Sur l'écran, à la fois poétique et fantastique, la vedette se glisse dans les
  chambres, vétue d'un collant de soie noir, coiffée d'une cagoule sombre.
  Ainsi moulée, elle est pire que nue,chaque fois qu'elle surgit de l'ombre,
  l'orchestre de la salle le salue en attaquant le refrain !
  "un maillot de soie noir
  moulait ses forme d'ivoire"...
  A Paris, c'est un triomphe mais un homme veille. Les meurtres en série,
  les morts suspectes et les têtes sanglantes cachées dans les placards
  inquiètent le fameux Président Lépine. Pointilleux sur la moralité publique,
  il décide d'interdire "Les Vampires" qui ridiculisent l'autorité. Affolée,
  la direction des établissements Gaumont demande à la vedette du film d'aller
  elle-même plaider sa cause. Musidora a recours à la fibre patriotique :
  Si vous maintenez vos vues sur mes films de bandits, vous voudrez bien
  interdire tous les films américains...( Il n'y a aucune raison pour que
  des étrangers se taille un succès chez nous et que nous, Français,
  restions ignorés après tant d'effort ). Une semaine plus tard, "Les Vampires"
  sont de retour à l'affiche et provoque l'enthousiasme des foules. Musidora
  devient "La Vampire". Et bien vite, signe révélateur de se triomphe, un mot   se crée, la "Vamp". Le terme vivra.
  Musidora pense avoir été la première "Vamp" du cinéma, quelle affirme dans   ses "souvenirs d'une vamp française".