Monsieur Mariani, le célèbre industriel, avait eu jadis, une idée fort ingénieuse.
Il s'était adressé à toutes les illustrations de la politique, de la finance, des lettres
des arts, des sciences et du commerce. Il leur avait envoyé quelques bouteilles de
son vin et leur avait, en retour, demandé l'autorisation de les faire photographier
afin de garder un portrait qui fût un souvenir : il fallait, naturellement que le portrait
fût agrée de la personne sur qui il avait pris. M. Mariani la priait de l'authentifier de
de sa signature et de quelques mots de dédicace. Tous consentaient en souriant;
ils mettaient, au bas de la photographie, quelques lignes dont l'éloge du vin Mariani
faisait le plus souvent les frais. De ces portraits, ainsi réunis à force de temps et
de démarches, M. Mariani avait composé un album, dont on aurait pu dire que
c'était l'almanach de Gotha du mérite personnel.
Il était amusant à feuilleter, puisqu'on y trouvait toutes les têtes connues de ce siècle
et dessous, un autographe où étaient vantées, prônées, exaltées sur tout les modes
possibles, les mirifiques vertus du vin Mariani .
Chaque portrait est accompagné d'une notice biographique.
Affiche de Jules Chéret
Le vin Mariani, du nom d'un pharmacien, Angélo Mariani qui eu l'idée de commercialiser en 1863
ce vin, associé à un médecin, Charles Fauvel qui lui conféra un brevet et une légitimité médicale.
Ce vin issu du mélange de vin de Bordeaux et d'extrait de coca, n'était qu'une des nombreuses
productions de Mariani puisqu'en 1890 son officine du Boulevard Haussmann à Paris, qui ne
désemplissait guère, proposait des pastilles à la cocaine, et du thé à la coca, il en déposa les brevets en 1863.
Son vin dont la publicité vantait à la fois les qualités stimulantes, anti-dépressives et organoleptiques
eut un grand succés. Mariani devint célèbre dans toute l'Europe.
De nombreuses personnalités des arts, de la littérature et de la politique apporteront leur
appui au vin Mariani. Citons les plus prestigieuses : Edison, Jules Verne, Emile Zola, le Prince de Galles
et même le Pape Léon XIII qui ne quittait pas sa fiole. Il en reçut même une médaille spéciale du pape.
L'académie de Médecine de Paris lui reconnait le titre du ( Vin des Athlètes ) .
En 1886 aux États-Unis, un pharmacien de Géorgie, John Pemberton, s'inspira du Vin Mariani pour
proposer une boisson à base de coca qui va devenir le fameux Coca-Cola.