Castellani Charles

1838 - 1913




Charles Castellani - Léonzi est né à Bruxelles le 24 mai 1838

Son père italien, d'ascendance corse originaire de Pérouse ( Etats du pape ) .
Compromis dans un complot de carbonari, condamné à mort, évadé de justesse,
recueilli par la marine française à Ancone, s'était marié en France ou il s'était réfugié,
avec une jeune fille de Reims, Marie-Anne-Elise Harlay.
Ayant fait de mauvaises affaires, il disparut abandonnant femme et enfant, on apprit plus tard qu'il
avait rejoint un couvent près de Rome, à la faveur d'une amnistie pontificale.
Le jeune Charles avait hérité de l'esprit aventureux de son père.
Dès l'âge de 15 ans il tente de s'embarquer au Havre, comme passager clandestin pour les Etats-Unis.
Repris, il part pour Rome six mois plus tard, à pied, mais il est arrêté à Lyon .
Entre 2 escapades il remporte un prix d'histoire au Concours Général; puis, abandonnant ses études,
on le retrouve à 17 ans dans l' atelier de Sébastien Cornu , puis dans celui de Gleyre .
A dix-huit ans il repart pour Rome, avec cette fois l'autorisation de sa mère retrouve son père
au cours d'une scène digne de Verdi, refuse l'aide du cardinal Antonelli et vit tant bien que mal grâce
aux élèves de la villa Médicis, a bout de ressources, il se fait rapatrié à Paris aux frais de l'Etat Français .
Edmond About parle de lui dans ses souvenirs de voyage .
Il se fait placier en vins, rosse un mauvais payeur , il a 21 ou 22 ans. Il rencontre à Beauvais sa
< chère Pauline > , qui deviendra la compagne de toute sa vie. Il trouve grâce à Paul de Kock à
s'employer chez des peintres verriers : Martin Quesnoux, Eugène Oudinot. Steinheil, peintre et
verrier lui aussi, collaborateur de Viollet le Duc, charge Castellani de réaliser les vitraux représentant
" La résurrection de Lazare " - " Le repas du mauvais riche " à Saint-Germain-l'Auxerrois
et plusieurs autres verrières pour Auray .
A l'occasion de l'Exposition de 1867, il est chargé d'un rapport officiel sur l'art verrier.
Il en profite pour dénoncer vigoureusement l'incompétence du jury et créant lui même une sorte de contre jury,
il alerte la presse et se met à distribuer des récompenses .
Brouillé avec toute la profession, il revient à la peinture " de chevalet ".
Peintre d'histoire, sujets militaires, il était un peintre de batailles spécialisé dans les grands formats.
Steinheil qui est le beau-frère de Meissonnier l'encourage à peindre et sa première grande composition fut :
" Les Huns et le char de Mérovée "
Encouragé par Meissonier et surtout par Yvon, il devient l'élève de ce dernier, ce qui ne l'empêche pas de
prendre part aux manifestations contre l'Empire en compagnie de Vallés et de Gustave Lançon.
En 1868, il convertit en atelier une salle immense derrière les abattoirs de Grenelle.
Il expose pour la première fois : sa toile représentait un " Clairon des Zouaves " en pied, de grandeur naturelle.
Ce n'était ni bien ni mal; c'était déjà hardi.

La guerre de 1870 arriva, Castellani s'engage dans les " francs-tireurs des Ternes ",
qui recrutent des volontaires hors du millieu populaire.
La compagnie dont il devient vite lieutenant ( les officiers étaient élus )
Il y retrouve de nombreux artistes qu'il a sous ses ordres : Gaudez, Van Coppenolle,
et un jeune homme, originaire de Damvillers dans la Meuse
   " Jules Bastien-Lepage " a qui il sauva peut-être la vie .
Il est rattaché au régiment de Louis Noir ( frère de Victor Noir ) alors lieutenant-colonel à la Garde de Paris .
Ils déplorent l'un et l'autre la mollesse de la " Défense Nationale " .
Le 31 octobre, se produit un début d'insurrection, Vallès s'est emparé de la Mairie du 9 ème arrondissement.
Le gouvernement est prisonnier à l'Hotel de ville .
Louis Noir demande à Castellani de défendre la poudrière de la Villette contre les émeutiers .
Castellani accepte mais prévient que, quoi qu'il arrive, il ne donnera pas l'ordre de tirer .
En fait, les agresseurs se dispersent lorsqu'ils entendent armer les fusils
Vallés dire de Castellani : " Voilà l'homme qui a fait échouer le mouvement du 31 octobre "
Mais il ne lui en tiendra pas rigueur .
Du 28 novembre au 2 décembre, Castellani prend part à la bataille de Champigny.
Il passe ensuite, comme capitaine, sous les ordres d'Ulrich de Fonvielle, ancien officier d'active, ancien garibaldien,
ancien combattant dans les rangs nordistes pendant la guerre de Sécession, co-témoin avec Victor Noir chez
le prince Bonaparte .
Blessé, au cours d'une reconnaissance périlleuse, il est fait prisonnier le 24 décembre 1870.
En 1871 il est envoyé en captivité en Silésie à Glogau, Il prend l'engagement de ne pas s'évader et jouit ainsi d'une
certaine liberté, la population les accueille amicalement .
Certains de ses compagnons ont des aventures galantes, pour sa part, il se contente de donner des cours de dessin
De retour en France, il attend la fin de la Commune chez un coussin à Epernay .
Il reste en dehors des événements de la Commune de Paris.
Il en comprend les motifs et tout en en condamnant les excès, il est révolté par la dureté de la répression .
A la fin des hostilités il vient à Bois le Roi a la demande de Louis Noir, et s'intalle , dans une masure au bord de la forêt,
non loin de la maison Noir. Son atelier de fortune est ouvert à tous : " qui voulait entrer entrait, tous étaient bienvenus ",
le visiteur intérrogé, consulté, son impression soigneusement recueillie recevait l'hospilaté rustique et bon enfant.

C'est alors qu'il peint ses grandes compositions qui vont révéler son talent .
En 1873      " Les Turcos à Wissembourg " peint à Bois le Roi, parurent au Salon et furent remarqués, sans que la situation
du peintre en fût améliorée d'ailleurs .
Castellani ne se décourageat pas il fit tendre aussitôt une toile plus grande aux murs de son refuge et commence gaillardement
la " Charge des Cuirassiers à Sedan " .
Tant d'ardeur et de courage, de volonté devaient émouvoir; le maire de Samois, village voisin de Bois le Roi, se prit d'intérêt pour l'artiste.
Le colonel du 1er cuirassiers en garnison à Melun, mit ses hommes à la disposition du peintre. Chevaux et cavaliers vinrent poser
devant lui; un frémissement d'acier courut sous le branches; la profondeur sombres des fourrés s'illumina du reflet des armures...
La fin de l'année vit la fin de l'oeuvre, et les " Cuirassiers à Sedan " , produits au Salon suivant, parcimonieusement payés par,
l'Etat donnèrent à leur auteur le moyen bien juste de recommencer un nouvel effort .


En 1874 :   " La Charge du 1er Cuirassiers à Sedan "
L 5 m x 3 m H


" Un soldat du 1er régiment de turcos, s'étant emparé d'un cheval, sert un instant d'éclaireur et tombe bientôt criblé de balles.
Au centre, le commandant d'Alincourt, blessé; à sa droite, le capitaine Haas, blessé; à sa gauche le lieutenant Garnier, blessé;
à l'extrême gauche du tableau, le capitaine Blanc; à l'extrême droite, le trompette Gounard, blessé; le lieutenant de Montenon,
blessé,etc...; à terre, l'adjudant Thomas, le lieutenant Théricourt, le sous-lieutenant Anyac, le capitaine Mangon de la Lande, etc...".



Tableau exposé à Autun au Lycée Militaire


Le vingt-quatre Décembre 1874, il obtient la nationalité Française et ( Est admis à jouir des droits de citoyen Français ).


En 1875 :     Le Panorama de "La Charge des Zouaves Pontificaux à Loigny "

L 5 m x 2,80 m H

Appartient au musée de l' Armée ( Invalides )
représente un des épisodes les plus glorieux de la triste campagne de 70. Là sous la conduite du colonel de Charette une
poignée de héros arrêta, durant plusieurs heures, les efforts d'un ennemi victorieux et dix fois supérieur en nombre.
Fidèle à la vérité historique, Castellani a représenté, à coté des zouaves pontificaux du général de Charette,
un groupe de franc-tireurs de Tours avec son drapeau.
M. de Charette parut mécontant de voir l'étendard aux trois couleurs flotter à côtés de la" Bannière du Sacré Coeur ".
Castellani lui promet de réduire les dimensions du drapeau tricolore, mais finalement il ne le réduit que d'un millimètre .


   " La Bataille de Loigny "
Agrandir


Le 2 Décembre 1870, à Loigny au nord d'Orléans ( Loiret ) se déroula un des combats les plus meurtriers de la guerre
de 1870, l'armée de la Loire emmenée par le Général Chanzy est battue à Loigny par les Prussiens qui s'installes dans
la région jusqu'en Mars 1871

En 1875 il lance l'idée du panorama ; s'il n'est pas l'inventeur de la formule qui se développera d'une façon extraordinaire
cinq ans plus tard il en est certainement le promoteur et dès 1876, il entreprit le tableau qui a déterminé son succès :
les " Marins au Bourget " .
Ce premier panorama peint à Bois le Roi et transporté à Philadelphie aux Etat Unis y exita une vive admiration, mais ne
fut point productif à son auteur . Durant son séjour dans la ville américaine, l'artiste décore la coupole du palais de l'industrie,
qui ne lui fut pas payé. L'artiste revenu en Europe attristé séjourne en Belgique . Ce fut à Bruxelles qu'il installe son atelier
ou plutôt ses ateliers dans une immense usine du faubourg de Molenbeck. C'est là qu'il exécute à peu près tout ses panoramas .
Il les transportent ensuite à leur destination, ou après les avoir faient monter il les achèvent sur place. Il expose à Bruxelles
avec beaucoup de succès le " Panorama de Waterloo " .


En 1880 la revue " Les Hommes d' Aujourd'hui " lui consacre un numéro
La célèbre plaquette des " Vins Mariani " une autre vers 1892

Accablé de commande, le peintre brosse en un temps record ces immenses dioramas.
" La Défense de Belfort " 1881 exposé à Paris place de la République .
" La Bataille de Tétuan " 1882 pour Madrid .
" Le dernier jour de Pompéi " 1882 pour Naples .
" La Bataille de Palestro " 1884 pour Rome ( tous signé en 1882 ) .
" La Commune de Paris 1871 " ( 1883 ) .
Ce panorama connu aussi sous 2 autres titres, " Le dernier jour de la Commune Paris 1871 " et lors de sa représentation
à Vienne il était intitulé " Paris vu des Buttes-Chaumont le dernier jour de la Commune "
" Le monde antédiluvien " ( 1884 ) détruit dans un incendie en 1887 .

En 1885 il délaisse un peu le panorama en faveur du tableau mais reprend le genre en 1889 avec son " Tout-Paris " en
l'honneur de l' Exposition Universelle, fait défiler des centaines de personnalités ... ce qui lui vaut beaucoup d'ennemis
dans les milieux politiques et mondains . L'idée si originale qu'a eue le peintre Castellani de grouper dans un même cadre
toutes les personnalités du monde parisien a séduit au plus haut point les visiteurs de l'exposition qui se portent en foule
au panorama de l'Esplanade des Invalides. Ce qu'on admire surtout , c'est la façon artistique dont M. Castellani a traité
un sujet qu'il était très difficile de ne pas rendre banal et monotone. Les mille ou douze cents personnages qui composent
" le Tout-Paris " sont mis à leurs place, et si quelques détails sont volontairement négligés, c'est pour mieux faire ressortir
les grandes lignes de l'oeuvre .

En 1894, Exposition Coloniale de Lyon, Panorama par Charles Castellani " Les Amazones au Combat de Dogba "


En Avril 1895 pour le " Quotidien Illustré " il accompagne en Norvège l'aérostatier Latruffe pour étudier sur place
les phénomènes du " Maelstron " : Centré sur l'île de Mosken, ce courant tourbillonnaire dus aux courants de marée,
décrit pour la première fois dans la Charta Marina ( 1539 ) de l'évêque suédois Olaus Magnus ( 1490-1557 ) - qui en
attribuait la force terrifiante à l'intervention divine, à inspiré plusieurs récit de fiction, notamment , A Descent into
the Maelstrom, d' Edgar Allan Poe ( 1884 ) et Vingt Mille Lieues sous les mers, de Jules Verne (1869 ). Au cours de
cette expédition il prit de nombreuses photos et d'écrit l'ascension en ballon qui fut assez mouvementé.

En 1896, le directeur de " L' Illustration " lui propose de se joindre à la Mission Marchand qui va remonter
le cours de l' Oubangui. Castellani alors agé de 58 ans, sympathise avec les officiers de la mission, mais supporte mal la
discipline militaire. Voyage mouvementé, il commet des imprudences et donne lieu à quelques vifs incidents, il remonte le
fleuve jusqu'à Bangui , avec de longs arrêts dont il s' impatiente, mais qui lui permettent de dessiner et de peindre à loisir.
En 1897 tandis que la mission poursuit, vers le Haut-Nil la route qui mène à Fachoda, Castellani, retourne à Brazzaville ,
puis de là à Paris.
En 1898 " L'illustration " publie ses notes de voyage De Courbevoie à Bangui avec la mission Marchand ( janvier à avril 1898 )
Le texte est accompagné de nombreux croquis et dessins.


Capitaine Marchand


Il publie deux ouvrages sur cette expédition.



Il composa des marches militaires paroles et musiques ( " Valmy " ----" La Marche des Sénégalais " )

Il publie des tragédie en vers ( " Vercingétorix "....Electre....Holopherne )

Ainsi que ses mémoires ( " Les Confidences d'un Panoramiste " ) dans lequel il décrit le Bois le Roi de cette époque.

Castellani quitta Bois le Roi durant quelques années et revint en 1906 pour habiter une maison à Sermaize .
un hameau de Bois le Roi, en bordure de Seine .


Atelier de Castellani

Dans un nouveau livre paru chez Flammarion quelques conseils de M.Charles Castellani pour

" Rester jeune "

Parmi les méthodes préconisées, il en est peu qui soit aussi à la mode que le " Végétarisme " et le " Végétalisme "
Il est à constater que le " Végétarisme " recrute ses adeptes volontaires principalement dans la haute société .
Le plus ardent et le plus original de tous les adeptes est Charles Castellani, l'artiste des panoramas qui suivit
le colonel Marchand au congo .
Il étonne jusqu'à ses anciens compagnons d'Afrique, pour sa vigueur, son véritable " rajeunissement " bien fait pour stupéfier
quiconque l'avait vu terrassé par les fièvres de là-bas .
Aussi, son prosélytisme opère-t'il de nombreuses convertions .
On assure que le colonel Baratier, Mme Roll, Mme Sigriste femme du peintre de l'époque impériale, ont été gagné à sa foi .


     En 1912 il décore l'église de Bois le Roi : sur les cotés du choeur , l'Annonciation, la Nativité ,
l'enfant Jésus et les docteurs, la fuite en Egypte.
Au dessus de l'autel, la Résurrection. Le Christ ressucité tient un vexillum de couleur rouge .
Certains paroissiens protestent ; ils supposent que Castellani a voulu ainsi exprimer sa
sympathie pour la commune.
Ces peintures sont aujourd'hui dénaturés sous prétexte de restauration , par le curé de cette époque
" l'Abbé Vincent ", mieux intentionné qu'inspiré, elles sont tout à fait méconnaissables.




A Bois le Roi au lieu-dit Sermaize la rue qui porte maintenant son nom



Charles Castellani meurt le 1 décembre 1913 à Bois le Roi ( Seine et Marne ).
Son décès est déclaré par son neveu       " Georges Mercier " et par Ernest Varly .
Il est enterré au cimetière de Bois le Roi .

Le dimanche 23 février 2003 vente importante de ses toiles à ( La Maison des Ventes de Fontainebleau )

De nombreux documents , ont été donnés par M. Raymond Mercier, fils de Georges Mercier, descendant de Charles Castellani

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