Gustave Mathieu

1808 - 1877




Les Parfums, Chants et Couleurs

renferment des pièces charmantes :

Cenderinette , le Retour des hirondelles,
la Plainte du pâtre, les Adieux à la falaise.
Et enfin
la Légende de l'Etang

Poèsie douce et simple, pleine de détails délicieux, dont on a fait une romance touchante.
Cette pièce est bien connue; mais nous ne résisterons pas au plaisir de la cité encore :

Légende de l'Etang. - l'enfant noyé

Ecoutez ce qu'il arriva
De cet enfant qui s'esquiva
Du toit de sa mère
Par ce beau jour sans pareille
Tout de parfums et de soleil
De brise légère
Les doux rossignolets sous bois
Réjouissaient à pleine voix
La nature entière

Le nez en l'air la joue en feu
L'enfant fuyait sous le ciel bleu
Et par la prairie
Quand il eut fait de papillons
Et de bleuets par les sillons
Sa moisson fleurie
Voilà qu'il arrive à l'étang
Le front mouillé tout haletant
Face épanouie

La demoiselle aux ailes d'or
Allant rasant encore
L'onde frissonnante
Sur un beau nénuphar en fleurs
Fière de ses vives couleurs
Se fixa brillante
Pour la saisir l'enfant courut
Prit l'eau pour l'herbe et disparut
Sous la fleur tremblante

Petits enfants n'approchez pas
Quand vous courez par la vallée
Du grand étang qu'on voit là-bas
Dans le brouillard sous la feuillée

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Chanteclair ou le coq gaulois

Chanteclair, c'est la vigilance,
Le courage, l'activité,
L'amour, la vie et la semence,
L'étrenelle fécondité,
L'éperon haut, portant sa crête,
Comme un bonnet de liberté
Chanteclair va dressant la tête,
Marquant le pas, ferme planté!
Dans un petit cercle écarlate
Le voilà, clignant au soleil,
Sablé d'or fin, tout l'oeil éclate,
Des feux de l'orient vermeil,
Lors sur ses argots, il se hisse,
Le col gonflé vient en avant
Tout le plumage se hérisse
Son chant cuivré perce le vent.

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Voici quelques-uns de ses vers à propos du
" Retour des hirondelles "


Sur les maisons illuminées
Des beaux rayons d'or du lointain.
On entend par les cheminées,
Les menus propos du matin
De ces bavardes hirondelles,
S'entretenant à leur réveil,
Tout en lissant leurs longues ailes.
De vent, de pluie et de soleil.
Les hirondelles sont venues.
Sortant du bleu da firmament
De la brise et des blanches nues .
On ne sait pas d'où ni comment
Les hirondelles sont venues.

Quand le départ de ces oiseaux annonçait le retour du froid, la note du poète était triste

Aux premières feuilles jaunies
Fuyant l'azur du firmament.
Les hirondelles sont parties .
On ne sait pas où ni comment
Les hirondelles sont parties !...

Et lorsque la vieillesse apparaît

Mais déjà mes cheveux s'en vont
Et ma barbe en pointe s'éclaire
De ces petites fleurs qui sont
Pâquerettes de cimetière...
Ma face automnale rougit
S'allumant comme un feu de joie
Le coin de mon œil en sourit
Par une grande patte d'oie.