Aimé Perret
1847-1927




Avant de se fixer à bois le roi, Aimé Perret peignait déjà des paysans; mais il ne connaissait pas la vie des champs.
Peut-être n'avait-il vu des villageois qu'à l'Opéra -Comique, et il ne les représentait qu'en costumes du XVlll eme siècle.
A Bois le Roi, le travail de la terre lui apparut avec sa réalité saissante.
De suite l' artiste comprit que ses modèles d'atelier ressemblaient à des figures de corps de ballet et ne valaient pas
les gars simples et grandioses qui se meuvent en pleine nature. Il rejeta la défroque du XVIII eme siècle et copia
les bonne gens de " chez nous" ..


Salon de 1888

Des paysans fêtent des vieux mariés dans une cour de ferme
Grande toile qui comprend plus de vingt personnages

Dans mon tableau la " Cinquantaine " dit-il , mes vieillards sont tous des vieux du pays, morts aujourd'hui.
Quand aux hommes mûrs, ce sont à présent des vieux, et les enfants des hommes...
Ah ! je les connais, depuis trente ans, je les connais tous.
Pensez donc, ils forment le fond même de mon travail.
Je les étudie constamment .
Et je les aime bien.
J'adore causer avec eux...
Lorsque le tableau de la " Cinquantaine " fut terminé, j'invitai la population entière du village à venir le voir.
Je n'oublierai jamais ce défilé dans mon atelier.
Ils revenaient des champs, avec leurs outils dans les mains.
Je me rappelle une vieille qui nommait chaque personnage à haute voix et le désignait en pointant
sur mon tableau une énorme fourche à trois dents qui me semblait chaque fois traverser la toile...
Ah je les aime bien. Et ils posent comme des anges.
L'un d'eux ne bronchait pas plus qu'un marbre et j'oubliais de le faire reposer.
Un jour n'osant se plaindre d'être fatigué , il finit par me dire:
" j'crois bien qu'jons une mouche à guêpe dans mon soulier " ...
Je lui laissai chercher sa mouche qu'il ne trouva pas, bien entendu; mais il en profita pour s' asseoir.


Jeune couple en conversation
dans un paysage de soirée
L 56 X 45 H
Huile sur toile
Signé et daté " Aimé Perret 90 " en bas à gauche
collection privée


Joueur de flute
Huile sur toile
L 91 X 72 H


Il raconte sa vie de peintre dans la campagne :
Je file à bicyclette avec mon bagage sur le dos.
Dès que j'aperçois un sujet de tableau, je m'arrête, je déboucle, j'étale mon fourbi,
et je brosse une pochade que je remporte comme un voleur... ça y est; le tableau est trouvé!...
Mais je suis obligé de me presser .
Je travaille souvent avec une telle ardeur qu'il m'arrive d'être en nage.
Un soir que je frottais bien vite un couple ramassant des pommes de terre, l'homme dit à sa femme:
" La fraicheur vient : mets donc ton manteau " .
Je fus stupéfait. Je leur demandai si vraiment il faisait froid ; moi immobille à peindre, j'avais trop chaud...
Ah ! la plaine de Chailly à la tombée du jour ! voilà le coin que je préfère.
Combien je lui dois de tableaux !...
Le soir vers cinq heures, je quitte l'atelier, je vais à bicyclette jusqu'à Chailly et je travaille dans la plaine
jusqu'au soleil couchant...
Une bergère qui passait là m'inspira la " Sainte Geneviève " du salon dernier qui fut acquise par l' Etat.



Sainte Geneviève ( Salon de 1906 )



Maison ou vécut Aimé Perret ( Les Cigales ) rue Guido Sigriste



Carte postale de 1900 environ, à cette époque la rue Guido Sigriste s'appellait Grande Rue






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