, Louis Davyl - Poupart Davyl - Bois le Roi - 1835 - 1890


LOUIS POUPART - DAVYL
LOUIS DAVYL

1835 - 1890






LOUIS POUPART - DAVYL : Auteur Dramatique - Romancier . Né à Ancenis en 1835.

Louis Poupart - Davyl appartenait à une génération littéraire qui aimait à se répandre plus qu'a se spécialiser:
quiconque savait tenir une plume, avec agrément était, tour à tour, journaliste, auteur dramatique, romancier.
De là, peut-être, bien des oeuvres hâtives, sans saveur bien originale; de là, des chefs-d'oeuvre manqués.
Mais il y avait dans cette façon peu scientifique de comprendre la vie, dans tous ces efforts dépensés et
dispersés à droite et à gauche, la trace manifeste d'une saine bonne humeur et d'un goût pour l'action qui
ne se retrouve pas avec autant d'intensité dans les milieux littéraires d'aujourd'hui où l'on sacrifie à la
réflexion, à l'observation et à la méthode.
Le temps où Louis Poupart Davyl vivait était bien le temps des drames et des romans de cape et d'épée.
Et ce n'était pas seulement dans les livres que l'esprit d'aventure était mis en honneur bien plus que l'esprit de suite.
La biographie de Louis Poupart-Davyl est,à cet égard, bien curieuse et bien suggestive. Il était né en 1835 à Ancenis.
Après avoir été quelque temps le secrétaire de Gustave Planche, il s'avisa d'être imprimeur et de consacrer son
intelligence à combiner des merveilles de typographie.
Il obtint, par des amis de M. de Morny, parait-il, le privilège de l'imprimerie du Corps législatif.
D'ailleurs cette faveur qui lui venait du plus sceptique de tous les hauts dignitaires du régime impérial
n'enchaînait pas l'indépendance de caractère de Davyl : des mêmes presses qui répandaient les discours officiels
sortaient de temps à autre des publications moins orthodoxes à l'endroit du dogme gouvernemental qui régnait alors.
Jules Simon, Quinet, Victor Hugo, eurent ainsi Poupart-Davyl pour éditeur.
Poupart-Davyl ne resta pas longtemps fidèle aux caractères elzéviriens : il cessa bientôt l'imprimerie.
En 1869, Victor Hugo, écrit à Auguste Vaquerie, une lettre ou il lui fait part du retard de la publication
de son roman, ( l'Homme qui Rit ) qu'il avait confié à Poupart Davyl et se demande dans sa lettre si les
retards viennent de la faillitte de Poupart-Davyl, car il abandonna l'édition à cette époque, son imprimerie
fut reprise par M. Lacroix.
Libre d'allures et portant haut, le respect de sa libre initiative, il prenait part aux discussions de
clubs littéraires ou politiques, avec toute l'ardeur de son âge et de son tempérament.
Il fut ainsi conduit à se battre en 1856, avec Jules Vallès son ami, dans un duel qui est resté, fameux dans
la mémoire des rares amis qui en connurent les conditions exactes et les péripéties.
Puis, brusquement, Poupart-Davyl disparait. on le revoit quelques années après, et l'on apprend que dans
l'intervalle il avait traversé une crise de mysticisme religieux et qu'il s'était réfugié à la Trappe.
Poupart-Davyl revint alors, Pour un temps, à ses premières amours : l'imprimerie.
Il touchait à l'heure climatérique de sa vie, celle où il devait remporter, comme auteur dramatique, un véritable triomphe.

Il avait passé la quarantaine quand il donna à l'Odéon " la Maîtresse Légitime" , comédie un peu sombre, mais dont la
conception n'est certes point banale. Le succès fut grand; on joua la pièce plus de deux cents fois.

Qui ne connaît ce vers célèbre que l'on trouve sur toutes les médailles d'amour
" Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain ".
Rosemonde Gérard de son nom Rose Etienne, première veuve d'Edmond Rostand, a écrit un recueil de poèmes qui lui
assura la célébrité et dont on retrouve à la Saint Valentin, ce fameux vers dont je viens de faire allusion sur
tous les pendendifs dans les vitrines des bijoutiers.
Voici le quatrain complet : tiré de la poésie " Les Pipeaux " 1889

Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.
Qu'importeront alors les rides du visage!
Mon Amour n'en sera que plus grave et serein.

Un seul vers a donc surnagé de l'oubli, et encore faut-il qu'il ne soit le sien.
On peut être assuré que Rosemonde GERARD avait lu attentivement, l'oeuvre qu'Edmond ABOUT
avait publié en 1880 : " Le roman d'un brave homme ".
A la derniére page du livre , elle avait sans doute remarqué cette phrase :
" Je l'aime aujourd'hui un peu plus qu'hier et un peu moins que demain "
Mais Edmond ABOUT, lui-même, a-t-il été victime d'un plagiat?
En 1874, il assista au Théâtre de l'Odéon, à une représentation de la pièce de Louis DAVYL
intitulée: " La Maîtresse Légitime ". Il est pratiquement certain que lui-même avait été frappé par
cette réplique du personnage féminin qui dit à son mari :
" Je t'aime aujourd'hui un peu plus qu'hier et bien moins que demain "
Depuis que le monde est monde, tout le monde copie tout le monde. Copie, recopie, pastiche, imite, pille ou plagie .

Les représentations du Gascon à la Gaité confirmèrent les espérances que la Maîtresse légitime avait fait concevoir;
mais Davyl fut moins heureux par la suite et les oeuvres dramatiques qui suivirent n'obtinrent plus que des succès, d'estime.
    Emile Zola    qui durant 4 années fut chargé de la critique dramatique, d'abord au Bien Public, ensuite au Voltaire
fit une critique sévère de la pièce " Coq Hardy "et fut plus indulgent avec " Les Abandonnés " .

Dans son article de novembre 1884, un journaliste du Gaulois raconte : au Théâtre du Vaudeville, " L'Amour " de
M M. Louis Davyl et Dennery, a si peu vécu qu'il ne me laisse guère le temps d'enregistrer son décès.
La pièce était pourtant supérieurement jouée, et Dupuis, en particulier, avait fait de son rôle une création digne d'un plus heureux sort.
Mais que voulez-vous ? la guigne !
Je ne sais si le propos cité par le Gaulois a été véritablement tenu par M. Davyl.
" Voyez-vous, mon cher, les chefs-d'oeuvre sont assommants. C'est pour cela que je ne veux pas en faire. "
S'il en est ainsi, je crains bien que M. Davyl n'ait fait, sans s'en douter un chef-d'oeuvre.

Il prit sa revanche dans le roman et surtout dans la chronique ; plusieurs journaux de Paris, lui avaient ouvert leurs colonnes;
Dans " Le Figaro " il écrivait dans une rubrique " Les Idées de Pierre Quiroul " . Il y contait, souvent avec finesse, et non sans causticité parfois, les souvenirs de ses débuts dans les lettres.
Il est mort en pleine force de l'âge.
Est-il revenu, dans ses derniers jours, aux sentiments qui l'avaient conduit, lui si vivant, si batailleur, dans une cellule de la Trappe ?
Tout porte à le croire, car il a demandé qu'une inscription placée sur sa tombe dans le cimetière de Bois le Roi proclamât.

PASSANT BENISSEZ LE SEIGNEUR
ICI UN CHRETIEN SE REPOSE



Il a habité pendant plusieurs années Bois le Roi ou une rue porte son nom, il était le voisin d'Olivier Métra, qu'il fit
venir vers 1871.
Il fit parti avec Gustave Mathieu, Louis Noir, Charles Castellani de la bande des cinq.
Ils avaient baptisé sa maison de Bois le Roi le ( Château de la Misère ) , comme son logis de Paris s'appelait
le ( Château de la Médisance ) .

Il détestait les chiens, Madame Davyl les adorait et la maison en était pleine .
Comme Daniel dans la fosse aux lions, Davyl, au milieu de cette meute se contentait d'élever vers le ciel des bras suppliants
et de gémir sur un ton de mélodrame : " Ces chiens me feront mourrir " .
En attendant, comme sa vue baissait, il affectait de n'y plus voir du tout et marchait tant qu'il pouvait sur les queues et
les pattes de ses bourreaux .
Un soir qu'il rentrait chez lui avec son ami Alphonse Delaunay, sa femme éplorée l'accueillit par ce cri :
Ma fille est morte : Une chienne nommée " Topsie ", atteinte de tumeur venait de mourrir .
Laissons cette mère à sa douleur ! dit Davyl, et il alla dehors cacher sa joie en compagnie de Delaunay qui improvisa ce quatrain

On fera de toi l'autopsie
        O Topsie
Pour reconnaître les tumeurs
     Dont tu meurs .

Davyl aimait à répéter ces vers devant sa femme et s'étonnait qu'elle ne les trouvait pas charmant .
En 1865 Gambetta séjournera chez Poupard-Davyl. Gambetta en pleine jeunesse , à cette époque, en pleine possession de son talent,
était un adversaire déclaré du régime napoléonien et comme bien l'on pense, la police de sa Majesté Impériale le surveillait de près,
elle avait détaché à Bois le Roi même un de ces indicateur qui n'était autre que le propre jardinier de Poupard-Davyl.


    Document : Doux Georges

     
                                     

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