Joseph Bail


1862 - 1921



Joseph Bail s'affirma plus complètement avec " La Ménagère " ( Salon de 1897 ) , une des oeuvres les plus regardées de
notre Luxembourg.


La Ménagère

Regardez-la travailler, la jeune et diligente " Ménagère " ! Solidement campée sur sa chaise pour ne pas chavirer dans l' exercice
de ses fonctions, elle est tout entière à ses cornichons. Une grosse dame-jeanne est sur ses genoux, pleine de vinaigre; de la main
droite, elle la soulève doucement, doucement; de l'autre, elle tient le goulot. Il s'agit de noyer, jusqu'à la mesure convenable,
les petits cucurbitacés dans un bocal.

Cette évolution de son talent s'accuse davantage au Salon de ( 1899 ) , avec son tableau " La Servante ", cette oeuvre, fine
de ton comme de sentiments, est, en quelque sorte, la première d'une série qui, dans des décors divers, allait nous faire davantage
pénétrer dans la pensée de l'artiste.


La Servante


Car, à partir de ce moment, Bail ajoutera à la joie de peindre celle de vêtir ses personnages à son gré, à la richesse colorée des
accessoires, il joindra la saveur ornementale des costumes et, sur tout cela, il répandra une lumière fine, enveloppante, et ainsi,
ses figures nous apparaitront étroitement liées à l'ambiance.

Ce seront des pages de poésie et de calme, par certains cotés somnambuliques, mais vivantes de tout ce que la volonté précise
de l'artiste leur donnera de charme et d'enveloppement.

Puis, avec une inlassable persévérance, Joseph Bail, visiblement sollicité par le souvenir des grands Hollandais et des grands
Flamands, campera dans des atmosphères de douceur de menues et dolentes figures qui portent dans leurs yeux les reflets
d'une vie intérieure.

Cependant qu'autour d'elles les cuivres frémissent aux caresses du soleil, que les bonbonnes pansues s'animent du reflet
tremblant d'un éclat, que les meubles luisants, à force de propreté, accrochent des rayons, ces calmes figures, dentellières,
ménagères et servantes, penchées sur leur ouvrage, poursuivent leur rêve de mystérieuse douceur.

Désormais, le peintre s'attachera de plus en plus aux angéliques figures, poétisées encore par des coiffes délicieusement
étoffées et retombant mollement sur leurs joues.

En ( 1900 ) , " Reflets de Cuivre ", dont nous reproduisons le beau dessin, et qui appartient à M. Lesieur,


Reflets de Cuivre


" Le Goûter ", qui a été acquis par M. J. Lawnê Coulson, figurèrent, ainsi que les " Bulles de Savon " et " La Servante ",
dont nous nous sommes déjà occupés, à l'Exposition Universelle, et valurent à leur auteur une médaille d'or en même temps
que la Croix de la Légion d'honneur.

Cette même année, au Salon que les Artistes Français avaient installé sur l'emplacement des anciens abattoirs de Grenelle,
on admira une " Cendrillon " qui, achetée par la Ville de Paris, est actuellement au Petit-Palais des ChampsElysées,


Cendrillon


où elle a retrouvé les " Joueurs de Cartes " du Salon de ( 1897 ) .



Jeunes Joueurs de Cartes
Salon de 1897
Huile sur panneau
L 81 cm x 65 cm H


En ( 1901 ) , " Le Repas des Servantes " de la collection Yerkès, de New-York,




et en ( 1902 ) , " Les Dentellières ", appartenant à Mme Léon Clery, consacrèrent définitivement le nom du peintre.
Cette année-là, tous les artistes récompensés lui votèrent la Médaille d'honneur, qui est la distinction suprême dont dispose
la Société des Artistes Français.


Les Dentellières