Olivier Métra

1830 - 1889


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Les Hommes d'aujourd'hui
1er Février 1879
Dessin de Gill


Olivier Métra est né à Reims le 2 juin 1830.
Le père d'Olivier Métra, Jean Baptiste Métra né en 1799, était originaire de Lyon, après de bonnes études de droit,
il fut avocat au barreau de Lyon, mais il quitta sa profession, devint comédien pour suivre la troupe nomade de
Mme Halanzier Dufresnoy .
Il existait alors ce qu'on appelait des troupes d'arrondissements .
Elles habitaient Paris pendant l'hiver, puis dès les beaux jours, s'en allaient donner des représentations d'ici, de là,
à Corbeil, Etampes, Beauvais, Rouen, Reims, Le Mans.
Le père de Métra jouait à Rouen quand Olivier vint au monde .
La troupe alla ensuite au Mans, et on y baptisa l'enfant .
Ce que fut l'éducation d' Olivier Métra, on serait en peine de le dire exactement .
Il joua, dès l'age de cinq ans, des bouts de rôles dans une foule de pièces sur les théâtres de province - rôles d'enfant,
de petit garçon et de petite fille, selon les besoins de la scène .
En 1842 il débutait à Paris, au théâtre Comte nommé alors théâtre des Jeunes Elèves maintenant théâtre des Bouffes Parisiens,
avec Daubray comme ornement .
Métra qui était destiné par son père à l'état d'acteur, y jouait les premiers gamin, comme il dit .
Il a joué le rôle de Joas dans Athalie .

Métra était acteur au théâtre Comte et avait douze ans quand il se sentit musicien .
Un violoniste d'orchestre de sa connaissance, un violoniste du théâtre des Jeunes Elèves, lui prêta son violon, un violon que
le petit Olivier, en jouant ses rôles, écoutait avec ébahissement .
Il lui donna quelques leçons, si le mot n'est pas exagéré.
Métra, qui chaque fois qu'il pouvait avoir le violon de son ami de l'orchestre, s'exerçait tout seul, au bout de quelque temps
Métra savait manier un archet, à peu près .
Il attire l'attention d'un musicien de l'orchestre, Edmond Roche, lequel était aussi poète, car il traduisit en collaboration avec
Wagner, le livret de Tannhauser .
Olivier fut tout d'abord l'élève de Roche, qui le fit rentrer au Conservatoire dans la classe d'Elward .
Métra devait fort jeune lorsqu'il fréquenta la Bohême .
Ami de Schaunard et de Champfleury, il fit partie du Trio des Chenizelles, et des Quators de l'Ile Saint Louis : Charles Barbara
violoniste, Champfleury tenant le violoncelle, Schaunard l'alto, et Métra le deuxième violon .
A cette époque, Métra fréquentait la brasserie de la rue des Martyrs et continuait son voyage en Bohème ; il y rencontrait Murger,
de Neuville, Pelloquet, Glatigny et leurs camarades .
Mais les offres d'engagement ne tardèrent pas à venir au jeune musicien ; il en recevait de tous cotés .
Il entre comme violoniste à l'orchestre d'un théâtre minuscule, situé vers le quartier Mouffetard, le théâtre Marcel .
Un jour il est demandé comme chef d'orchestre au théâtre Beaumarchais .
En 1849 il dirige les musiciens d'un établissement populaire le bal Robert, boulevard Rochechouart ; sa maitresse l'accompagnait,
et voulait monter avec lui à l'orchestre, mais il n'osait pas trop la présenter aux uns et aux autres, car elle était en sabots.
Elle s'appelait Héloise, et portait en effet des sabots. Olivier s'était épris de cette fraiche paysanne, qui le quitta bientôt pour
faire le commerce du beurre en Amérique; c'est du moins ce qu'on raconte.
Métra se consola en écrivant sa première valse "
Le Tour du Monde " , qu'il vendit 25 francs à un éditeur.
Et en même temps, Métra suivait au Conservatoire, la classe d'Ambroise Thomas et remportait le premier prix d'harmonie .
Cela ne faisait pas vivre . Métra donne des leçons au cachet .
Vers 1855, il entre, au service des Frères Mabille .
Ceux-ci avaient fondé en 1844, dans l'actuelle avenue Montaigne, le bal Mabille qui était devenu en peu de temps l'établissement
de danse le plus en vogue de la capitale.


Les frères Mabille, fils d'un professeur de danse, avaient hérité de leur père un petit bal champêtre en bordure des
Champs-Elysées.
Ils le transformèrent en une sorte de jardin enchanté, entièrement artificiel utilisant, c'était une nouveauté l'éclairage au gaz
sur tout le terrain, ce qui permit d'ouvrir le bal le soir et pas seulement l'après midi.
Les bosquets étaient éclairés par des globes de verres teintés; des guirlandes lumineuses, des girandoles étaient suspendues
aux arbres .
Le bal Mabille était réservé, en raison du prix d'entrée, à des gens assez fortunés .

En 1863 Olivier Métra composa la " Valse des Roses " à    ( Chambly )  
Il la vend 150 francs à son éditeur, cette éditeur à gagné en vendant le Valse des Roses plus de deux cent mille francs, cela ne
rapporte pas un sou à Métra, son oeuvre est entrée dans le domaine public, les Roses ont donné à Métra la gloire .
Cette valse a été si souvent jouée, chantée, dansée, tous les orgues de Barbarie l'ont exécutée dans les rues et sur les places de
toutes les villes de toutes les provinces, dans les cours de tous les hotels, l'ont exécutée ou plutôt l'ont grincée d'une façon atroce,
et la grince encore.
C'est le sort de tous les airs célèbres.

On a raconté le mot de " Charles Gounod " en entendant une valse aussi, sa valse de Faust :
Nous autres musiciens, nous n'arrivons à la popularité que par la calomnie.
Il n'y a pas seulement les orgues de Barbarie. Moi, qui ne suis pas musicien, j'ai fait des Variations sur la " Valse des Roses ".
Je les ai dédiées au maestro :

La maison est charmante, et charmant le jardin.
On est en mai. Partout des fleurs, partout la sève.
Et la terre parait comme sortir d'un rêve.             
On est en mai. Le vent souffle et pleure soudain.  
Flore a bléssé sans doute un jeune et bel ondin.    
Dieu, quel vent! Aux lilas, aux roses il enlève,     
Pétales et pistils, il tempête sans trêve,                  
Et défait ce qui fit avril incarnadin.                        
Les fleurs semblent danser une joyeuse danse,        
Mais non. C'est le mistral qui donne la cadence,    
Et plus d'une périt dans ce bal attristant.                
La maison est tranquille avec ses portes closes.      
Un bruit de là s'envole. On dirait qu'on entend,     
Une femme et le son de la "Valse des Roses" .       


Charles Gounod ( 1818 - 1893 )




Les Roses ( valse )    Extrait
     


En 1865 il ouvrait le Château des Fleurs , sis plus haut sur les Champs-Elysées, réservé, à l'origine aux concerts et ou les
musiciens jouaient sur une estrade couverte en forme de conque .On y voyait la jeunesse dorée, mais aussi des personnalités
politiques, le duc de Morny, du monde des lettres, Sainte-Beuve, Arsène de la Houssaye .


C'est en ces lieux que Métra bâtit sa renommée, en composant ses valses les plus célèbres,
  " Gambrinus, Valse "  
  " La Nuit, Valse"  
  "La Sérénade, Valse Espagnole"  
  "La Néwa, Mazurka "  
  " Le Rhin, Polka-Mazurka"  
  "Coquelicot, Quadrille"  
  "Promenade, Polka "  
  l'Orient, et surtout ses deux inoubliables compositions que sont , La Vague, et la Valse des Roses, qui connurent une
grande renommée.
C'est à sa plume que nous devons aussi la jolie Rédowa " Brise du Soir    "      empreinte du romantisme polonais
alors à la mode.
Autre danse dans la même veine, la Varsoviana " Blanche Marguerite   "     dont le titre est peut-être une
dédicace à Margueritat son éditeur.
Sa Valse " Espérance   "   paroles de Armand Silvestre fut chantée par Andréani au Ambassadeurs .
Après être resté quelques années à Mabille et au Château des Fleurs.
Métra entra à l'Athénée-Musical, puis à l'Elysée-Montmartre une des adresses les plus populaire de la Butte, qui n'était au début
qu'un simple bal et devint par la suite un vaste établissement avec salle de danse, restaurant, concert et spectacles, il y connait un succès fou .
En 1867, il fut choisi, pour conduire les bals du Chatelet, en l'engageant en exclusivité pour sa saison, il remporta un tel succès
que le foyer fut converti en deuxième salle de danse.


En 1868, il est chef d'orchestre au Casino-Cadet .
Cet établisement crée en 1859 était très fréquenté, c'était un bal très fréquenté et un lieu de concert les bals se déroulaient
les lundi , jeudi, et dimanche .
Il passe aux bals Frascati, dirige les bals masqués de l' Opéra comique en 1871.

En 1871 pendant le Siège de Paris et la Commune Olivier Métra est mobilisé et incorporé au 61ième Bataillon de la
Garde Nationale au poste de la rue de la Porte des Rosiers, ou il sera le tambour .

En 1872 il fût placé à la tête des Folies-Bergères qui annonçaient ainsi dans leur programme .
( tous les soirs à 8 heures, spectacle varié, opérettes, ballets, pantomimes, travaux de voltiges, acrobates , Olivier Métra
et son orchestre ).
Il serait fastidieux d'énumérér les titres des trente-quatre opérettes ou ballets qu'il composa pour cette maison.
Signalons cependant les Clows, les Femmes de Feu, parmi les plus célèbres, Métra resta cinq ans au Folies-Bergères .

     
     

Dans ses contrats qui le liaient aux Folies-Bergères, Olivier Métra avait la possibilité de diriger d'autres orchestres.
De 1874 à 1876 il dirige les Bals du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles .

En 1870, Henri Halenzier-Dufreynoy après avoir dirigé plusieurs théâtres de province: Strasbourg, Rouen, Lyon, Marseille
fut choisi pour gérer et administrer l'Opéra de Paris, il était le fils de la directrice de la troupe théâtrale
de mademoiselle Dufreynoy, celui-là mème qui agé de onze ans avait tenu Olivier Métra en 1831 sur les fonts baptismaux.

En 1877, Halanzier choisit Olivier Métra à la direction des   Bals de l'Opéra ,    
pour remplir, avec Johann Strauss, les fonctions de chef d'orchestre des bals masqués.
Il a conduit seul en 1878 la musique dansante de notre grande Scène Lyrique.
Ce fut toute sa gloire, car il ne reçut pas la décoration et ne fit rien pour l'avoir.

Le Japon est à la mode avec l'Exposition Universelle de 1878 .
En juillet 1878 , Mr Halanzier lui demande la musique d'un ballet Japonais, en trois actes     Yedda .   
dont le livret lui était présenté par Philippe Gille et Arnold Mortier .
La première représentation de Yedda eu lieu en janvier 1879 , Mr Gambetta était dans la loge directoriale et applaudissait .

En Octobre 1885, Olivier Métra succédant à son ami le charmant Compositeur, Georges Auray inaugurait au palais Vivienne
les Soirées Métra, avec concert-promenade, bal chaque soir, et fêtes de nuit les Mercredi et Samedi .


Enfin en 1888 il donne aux Bouffes-Parisiens une opérette en trois actes  Le Mariage avant la Lettre .
d'après les livrets d'Alphonse Jaime et Georges Duval .
Ce sera un échec, il y aura seulement treize représentations

Il fit de nombreux arrangements avec d'autres compositeurs

Madame Favart avec Jacques Offenbach .    

Les Alsaciennes avec Emile Tédesco .    

Les Faunes avec Louis Ganne .    

Les Cloches de Corneville avec Robert Planquette .    

La Fille de Madame Angot avec Charles Lecocq .    

La Mascotte avec Edmond Audran .    

La Timbale d' Argent avec Léon Vasseur .    

Rip - Rip avec Robert Planquette .    

La Valse des Dindons avec A. D'Azevedo    

Il est le seul Compositeur Français dont les valses puissent être comparées aux plus entrainantes compositions viennoises.
C'est par Johan Strauss et Olivier Métra qu'elle fut le mieux exprimée; leurs oeuvres étaient d'une élégance exquise
et elles connurent une vogue inouie .
Au Danube Bleu , nous pouvons opposer Les Roses et la Vague .




Strauss et Métra étaient plus que des auteurs de valses, ils étaient la valse elle même.

Et c'est si vrai que le cinéma les a fait revivre devant nos yeux au cours de deux films d' Opérettes ou est joué la musique
de Métra .
( Ciboulette ) film de Claude Autan-Lara en 1933.   

( Les Destinées Sentimentales ) film de Olivier Assayas en 2000    
Avec Emmanuelle Béart, Charles Berling, Isabelle Huppert .
Dans ce film, est joué ( La Valse des Roses et le Quadrille des Lanciers ) .

( Chez Maupassant )      série de 8 épisodes diffusé par France 2 en mars 2007
dans lesquels on retrouve des compositions d'Olivier Métra .
La Valse des Roses, Le Quadrille des Lanciers et Champagne .

Tout au long du 19 ieme siècle toute l' Europe fut sous le charme du Quadrille, que l'on dansait dans les grands bals
et les soirées rurales .




La Piste de Bal        de Pierre Carrier-Belleuse, tel est le sujet de ce tableau qui fait mention d'un quadrille par
Olivier Métra .




Pierre Véron qui crayonna en 1879, un portrait fort ressemblant de l'auteur de la Valse Les Roses disait qu'il avait eu,
en effet, des jours de misère sombre .
Son ami Poupart Davyl , l'ayant invité à Bois le Roi, où il avait loué une bicoque qu'il appelait le Château de Misère,
Métra partit, mais comme il lui manquait dix sous pour le voyage, il dut faire à pied la plus grande
partie du trajet.
A quelque cent mètres du Château de Misère, il tomba presque mourant de fatigue et de faim .
M. Marius Boisson rappelle que, plus tard, à l'endroit même où il s'était affaissé, Métra fit édifier en bord de Seine une maison
vers 1873, qu'il baptisa les Roses .


Maison ou vécu Olivier Métra

Métra avait deux passions, le billard et la pêche quelquefois en nombreuses compagnie, plus souvent seul avec son ami et
voisin l'architecte Benoit, il passait ses journées au large de la Seine . Inlassablement, Benoit et lui pêchaient à tous engins,
vêtus de laine comme de vrais loups de mer et coiffés du bonnet marin, en tricot bourru à large liserès rouges .
Métra, absorbé par la conduite de ses orchestres et qui ne paraissait que par intermittences à la Cave, ne s'occupa jamais des
histoires de Bois le Roi et ne se mêla nullement à la vie communale, sauf pour assister amicalement le maire du moment, Bureaud-Riofrey .

Quand il passait ses quelques semaines de vacances à la cave, il montait assez souvent à l'apéritif chez Henri Peyrotte à
Bois le Roi avec ses amis Bureaux et Benoist et comme la fanfare répétait dans une salle à coté, musicien avant tout et non
dédaigneux d'humbles efforts, il s'intéréssait aux essais des jeunes gens qui , après leur journée de travail, prenait le temps
d'étudier la musique.
Il donnait des indications, des conseils et des encouragements extrêmements précieux.
Les répétitions de cette fanfare ont été fixées sur la toile par Jean-Antoine BAIL qui nous montre le chef conduisant une étude
au tableau noir.

Marié de 1871 à 1878 à Caroline Charton, puis séparé de corps et de biens d'avec Mme O. Metra, notre compositeur racheta la
part de sa femme et resta seul propriétaire de la maison qu'il habita sur la fin de sa vie .
Olivier Métra mourut à Paris le 22 octobre 1889.
Le docteur Piogey qui le soigna, confia à ses proches :
" Son malheur est d'avoir été par sa profession, trop mélé aux plaisirs " .
Il a vécu deux fois .
Il aimait ce calme et délicieux Bois le Roi et voulut y être enterré.
il y avait choisi lui même l’emplacement où il voulait reposé .
Mais un poète de ses amis , Gustave Mathieu, étant venu à mourir , Métra ne voulut
pas l’abandonner au sol trop souvent fouillé d’un cimetière parisien , il le fit enterrer
dans le terrain qu’il avait acheté pour lui-même , prévoyant sans doute qu’un jour
la générosité de la commune de Bois le Roi le placerait côte à côte de son ami .
Le jour de son enterrement, dans l'église, son ami Edmond Audran , un bon camarade d'Olivier Métra, un fidèle de Bois le Roi,
auteur de la Mascotte , de la valse
Le Grand Mogol    , se glissa jusqu'à l'orgue un vieil instrument qui ne
servait qu'aux fêtes carillonnées, Audran l'éveilla doucement puis soudain surgit l'amoureuse introduction de la Valse Les Roses, les voluptés orientales de Yedda, la célèbre Marche Les Volontaires   
, toute l'oeuvre y passa en raccourci
et dans un déroulement impeccable .
En souvenirs de la célèbre valse, on couvrit sa tombe de roses.
Olivier Métra ne fut pas enterré a coté de son ami Gustave Mathieu .
La commune de Bois le Roi fit don du terrain au cimetière. Plus tard la société des auteurs et compositeurs de musique fit
une souscription pour ériger un monument   
L'inauguration du monument eu lieu le jeudi 12 mai 1892   
Après la mort d'Olivier Métra, sa soeur Sophie-Ernestine mariée à Alexis Gyé fit différents dons à la commune, qui fonda
le prix Olivier Métra.
Mme Gyé fut entérrée à Bois le Roi, auprès de son frère qui en 1886, lui avait vendu sa villa avec tout ce qu'elle contenait.
Le conseil municipal donna son nom au Quai Olivier Métra , bordant la Seine.